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Haïti : 2022 Appel éclair choléra+, novembre 2022

Haïti : 2022 Appel éclair choléra+, novembre 2022

Aperçu de la crise Introduction Après plus de trois ans sans aucun cas de choléra signalé en Haïti, les autorités nationales ont rapporté le 2 octobre 2022, deux cas confirmés de Vibrio cholérae 01 dans l'agglomération de Port-au-Prince. Au 10 novembre, le ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) rapportait 7 212 cas suspects, 700 cas confirmés et 142 décès à travers le pays. Haïti connaît une flambée de choléra avec une augmentation de 72% des cas suspects entre le 3 et le 11 novembre. Si la majeure partie des cas sont concentrés dans différentes communes du département de l'Ouest, en particulier Cité Soleil et Port-auPrince, des cas ont également été confirmés dans les départements du Centre, de l’Artibonite et de la Grande Anse. De plus, des cas suspects ont été rapportés dans les départements des Nippes, du Nord-Est, du Sud et du Sud-Est. Plus de 6 315 patients sont actuellement hospitalisés dans des Centres de traitement du Choléra (CTC). Tandis que le nombre de cas suspects ne cesse d’augmenter, il est à craindre que la propagation de la maladie n'atteigne rapidement d'autres centres urbains du pays. Selon l'OPS/OMS, entre 300 000 et 500 000 personnes sont à risque de contracter la maladie. Les groupes de personnes vulnérables sont particulièrement à risque de contracter le choléra. On peut notamment noter que près de 40% des cas suspects sont des enfants de moins de 15 ans. Les femmes enceintes, dont 7 500 à 12 500 se trouvent dans le dernier trimestre de grossesse, sont également très vulnérables. Selon la sévérité de la maladie et de la déshydratation, entre 675 et 1 125 femmes risquent d’accoucher prématurément ou d’avoir des enfants mort-nés. Une attention spécifique doit être portée aux personnes en situation de handicap qui rencontrent des difficultés accrues pour accéder aux services de base. Par ailleurs, selon l’enquête de la Direction générale de la Protection civile (DGPC) et de la Matrice de suivi des déplacements (DTM) de l’Organisation internationale pour les Migrations (OIM), au 31 août, sur les 96 000 personnes déplacées internes (PDI) par les violences de gangs, plus de 21 000 PDI vivent sur des sites de fortune installés dans la capitale à la suite des vagues de violence dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince (ZMPAP) depuis avril 2022. Le flux de déplacés continue d’augmenter avec l’explosion des violences de gangs dans des quartiers particulièrement affectés par le choléra. Les conditions de vie dans les sites sont insalubres et extrêmement propices à la propagation de la maladie. De plus, de graves problèmes de protection, y compris des violences sexuelles et basées sur le genre, y sont enregistrées quotidiennement. Les partenaires humanitaires qui s’engagent dans la réponse ont peu de ressources et moyens pour rémédier aux problèmes de protection et assurer des conditions de vie dignes pour les déplacés. La situation est d’autant plus préoccupante que la résurgence du choléra survient dans un contexte de convergence de crises socio-politiques, sécuritaires et humanitaires qui a paralysé le pays depuis le 12 septembre 2022. La reprise du terminal de Varreux par la police nationale haitienne le 4 novembre devrait faciliter l'accès au carburant. Cependant, le blocage du principal terminal pétrolier du pays par la coalition de gangs « G9 en famille et alliés » a restreint de manière critique le fonctionnement des services de base tels que l'électricité, la distribution d'eau, les centres de santé, les télécommunications, entre autres. Or, le rétablissement de l'accès aux services de santé et aux systèmes de distribution d'eau est crucial pour prévenir la propagation du choléra et d'autres maladies contagieuses. Si Haïti a déjà connu des épidémies de choléra par le passé, notamment après le tremblement de terre de 2010, l'environnement et le contexte opérationnel de la crise actuelle sont bien différents. Le manque de carburant et l'insécurité rendent la mobilisation de l'aide humanitaire urgente encore plus difficile. Les centres de santé et les hôpitaux ont dû fermer ou réduire leurs activités avant même l'épidémie en raison de la pénurie de carburant et des difficultés rencontrées par le personnel médical pour se rendre sur leur lieu de travail. Les ambulances ne peuvent pas franchir les barrages routiers, elles sont arrêtées et contrôlées par des membres de gangs armés. La surveillance épidémiologique est également entravée par l'accès limité aux quartiers vulnérables. De plus, les laboratoires peinent à fonctionner par manque de carburant redant la réception d'échantillons et leur analyse difficile. L’accès à l’eau, l’hygiène et l’assainissement (WASH, selon son acronyme en anglais) est également gravement compromis. Le 17 septembre déjà, la Direction de l'eau potable et de l'assainissement d'Haïti (DINEPA) lançait un appel à l'aide d'urgence car elle n'était plus en mesure de fournir suffisamment d'eau potable au pays. La DINEPA estime qu'elle a besoin d'environ 50 000 gallons de carburant pour opérer en Haïti pendant un mois. À l'heure actuelle, aucun acteur humanitaire, pas même le Programme alimentaire mondial (PAM), ne peut répondre seul à de tels besoins. Le ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) dirige la réponse au choléra, avec cinq commissions mises en place pour assurer la coordination stratégique et opérationnelle entre les différentes parties prenantes : Surveillance/Épidémiologie, Gestion des cas, Communication et sensibilisation, Vaccination et Eau, Hygiène et Assainissement. L'Organisation des Nations Unies, sous la direction de la Coordonnatrice de l'Action humanitaire et la direction technique de l'OPS/OMS et du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), soutient et conseille le gouvernement et accompagne les groupes techniques. Les secteurs humanitaires travaillent à l'identification des besoins, tant au niveau communautaire qu'opérationnel. La crise en Haïti est également une crise de sécurité. Avant l’épisode actuel, le Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) estimait que jusqu'à 1,5 million de personnes, soit près de 50% de la population de Port-au-Prince, étaient directement touchées par la violence et peinaient à accéder aux services de base. Dans un rapport publié le 14 octobre, le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) estiment que plus de 60% des quartiers de la capitale sont désormais sous le contrôle ou l’influence des gangs. Ces derniers utilisent les violences sexuelles comme armes pour terroriser la population et ainsi maintenir le contole sur leur territoire. Selon l'UNICEF, 500 000 enfants vivant dans la capitale ne sont pas scolarisés en raison des activités des gangs. Entre le 1er juin et le 30 septembre 2022, le BINUH a documenté plus de 1 300 meurtres, blessures et disparitions dans le cadre de confrontations armées entre la police et les gangs. Pour le seul mois d’octobre, les activités de gangs ont fait 206 tués et 110 blessés parmi les civils, de plus 138 personnes ont été enlevées. Selon l’UNICEF, 500 000 enfants vivant dans la capitale ne sont pas scolarisés en raison des activités des gangs. La population haïtienne est d’autant plus vulnérable au choléra que le pays connait une grave crise alimentaire. Selon la dernière analyse du Classification intégrée des phases de la sécurité alimentaire (IPC) publiée en octobre 2022, 4,7 millions de personnes, soit près de la moitié de la population analysée, connaissent des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë, dont 19 200 classées dans la catégorie de catastrophe (Phase 5 de l’IPC), une première dans l’histoire récente du pays. Dans un contexte de relèvement post-tremblement de terre de 2021 et de déficit hydrique pendant la saison agricole du printemps, l’insécurité généralisée dans le pays et en particulier dans la ZMPAP, couplée à la situation économique défavorable et à la vulnérabilité structurelle croissante a conduit à une détérioration majeure de la situation alimentaire du pays. Le pourcentage de personnes en phase 4 de l’IPC (urgence) n’a cessé d’augmenter au cours des trois dernières années, passant de 7% en 2019 à 18% en 2022. Le nombre de zones classées en urgence (phase 4 de l’IPC) est passé de cinq en septembre 2021 à quinze en septembre 2022. Parallèlement, le pourcentage de personnes dans la phase minimale (phase 1 de l’IPC) a chuté de 41% à 24% sur la même période. Ces évolutions révèlent une migration graduelle et continue des ménages de la phase minimale vers les phases les plus défavorables. Le présent Appel éclair a pour objectif de fournir rapidement le support financier nécessaire pour endiguer la propagation du choléra en Haïti, à travers des activités WASH et santé, et répondre aux besoins humanitaires APERÇU DE LA CRISEdans les zones les plus affectées par la maladie, en particulier en matière de sécurité alimentaire, nutrition, protection (choléra+). Dans le contexte actuel, des financements seront également alloués pour soutenir les capacités logistiques des partenaires humanitaires et renforcer l’accès de la population aux services de base. Les partenaires intégreront la responsabilité envers les populations affectées (AAP) et la prévention et la protection contre l'exploitation et les abus sexuels (PSEA), préocupations majeures de l'ensemble de la communauté humanitaire, tout au long de leur réponse. Le Plan de réponse humanitaire 2021-2022 d'Haïti intègre déjà l'AAP en tant qu'objectif stratégique, soulignant l'importance de l'engagement communautaire et de l'instauration d'un climat de confiance avec les populations touchées par la crise. Des communications transparentes et claires sur les modalités d'accès à l'aide et la prise en compte des défis et des limites de la fourniture de l'aide par le biais d'un dialogue avec les communautés touchées seront essentielles. Au total, la stratégie de réponse développée dans cet Appel éclair cible 1,4 million des 1,6 million de personnes dans le besoin pour un financement total de 145,6 millions de dollars US. Elle sera mise en œuvre par 11 agences, fonds et programmes des Nations Unies; 15 ONG internationales et 11 ONG nationales.

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